Immersion au
cœur du mouvement et du bruit la vie tout azimut dans toutes les directions possibles
et le risque de mourir à chaque pas au milieu de poulets plumés et
d’odeurs d’œufs pourris Phnom Penh aux
neuf-cents pagodes d’or couvertes de fientes de pigeon énigmatiques sous
une incroyable lumière écrasant tout au sol tel un Nirvana jeté dans la
poussière avec amputation à chaque coin de rue. Hôtel Tokyo
(l’Acropole miteuse), Chicago, chambre 1523 (et des cafards). Couchés
par-dessus les couvertures dans la position du mort, Tout – les sensations les émotions et les troubles emmagasinés au
contact de cette ville défilait à la vitesse d’un pur flux projeté sur la toile
psychique à travers la fenêtre depuis l’avenir tendu comme un biceps par-dessus
l’horizon. Au réveil – les paupières aussi pâteuses que du sang – des
grésillements d’origine magnétique illocalisables se transformaient au contact
des murs en une ligne mobile et dysharmonique d’acouphènes phosphorescents.
mercredi 22 avril 2020
lundi 13 avril 2020
KALEIDOSCOPE (4)
Des
grappes d’enfants courent les pieds brûlés par le sable d’une plage tunisienne vers
une cible qui doit leur rester invisible (l’Europe), en l’absence de palmiers
le soleil décoche et frappe immanquablement. Au passage d’une seule ombre (une
Érinyes, un vautour ?) ils disparaissent sans un cri de la surface du
globe, glissant vers ces espaces où seul semble régner le sans-nom. Catatonie
dans l’apesanteur rythmique de l’anti-capitale asiatique – Vientiane
l’endormie, percluse du sommeil de Dieu dans un infini dimanche aux odeurs
d’encens et de vase remontant du Mékong – fossile colonial à peine traversé par
quelques véhicules motorisés sous la coupole de Non-Matière qui lui sert de
ciel : léthargique vacuum.
mercredi 5 février 2020
KALEIDOSCOPE (3)
Une maison des cités ouvrières
à l’abandon, à l’écart de toute ville connue. Au milieu d’une trentaine de
portraits peints par Modigliani des traces d’anciens squatteurs parcourent les
murs du rez-de-chaussée sous forme de graffitis à la craie rouge. Diverses
positions de coït y déclinent une version incomplète du kamasoutra dans des
traits grossièrement bâclés dont seules les parties génitales semblent avoir
fait l’objet d’une réelle attention stylistique. Expo Duchamp à Beaubourg – son nu descendant l’escalier déambule dans
les ruelles sous-éclairées que surplombe le château de Prague (particulièrement
énorme et sombre cette nuit-là). Le pavé luit après huit heures de bruine. Au
loin et tout aussi luisante, passés les ponts, la Vltava parcourt un ensemble
de paysages cinétiques à une vitesse proche de celle qu’on attribue
habituellement à la lumière mais qui cette nuit – de toute évidence – n’est
autre que celle de nos yeux.
mercredi 4 décembre 2019
THE BEAT DEGENERATION
Sur le Hors-Temps et la résistance par la littérature aux logiques dominantes.
https://d-fiction.fr/2019/04/free-ebooks-the-beat-degeneration-notes-sans-partition/
KALEIDOSCOPE 2
Alphabet
City (New York, je dirai un jour tes naissances
latentes…). Sur notre droite, au sortir d’une nuit blanche, un hôtel miteux échoué
au cœur d’étendues désertes – autour de nous les buildings ont disparu :
du sable, de la glace à perte de vue et des boules de feu énormes suspendues
par des câbles d’acier au gris d’un ciel mat étrangement monochrome et dense
(un ciel de ciment). L’une d’elles nous surplombe. Des masses magnétiques avec
des effluves rouge-orangé pareilles à des éruptions solaires s’en dégagent.
Leurs langues de dragon semblent descendre jusqu’à nous pour nous lécher le
front. Nous venons d’entrer dans la pagode de l’Empereur de Jade, chaleur
étouffante de Saigon imprégnée d’encens. Sous sa charpente danse une armée de
personnages taoïstes et bouddhistes en papier mâché dont les ombres
miraculeuses fulminent au sens chimique du terme parmi l’éclat démultiplié de
quatre diamants. Sur notre gauche, l’un des généraux au service du Seigneur du
Ciel, vainqueur d’un tigre blanc, l’écrase sous pieds tandis que Thanh Hoang,
le maître des Enfers, sort de l’embouchure d’un long couloir en tirant son
cheval rouge par les reines, les lèvres retroussées par-dessus ses dents menaçantes. Nous sommes bons pour la manducation.
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