mercredi 10 décembre 2014

NOCTURAMA vu par Philippe Annocque





On pourrait être tenté de croire que pour dire le monde il suffirait de le regarder, les yeux ouverts, écarquillés même pour plus de clairvoyance, en pleine lumière. L’esprit lucide. Mais on sait bien qu’on ne voit que la surface du monde. L’évidence cacherait l’essentiel s’il y en avait un – on n’en sait rien. Alors autant fermer les yeux. On le voit quand même, le monde, on s’y voit aussi, même. Et ce qu’on y voit, c’est autre chose. Ou bien la même chose, mais autrement…


mardi 2 décembre 2014

ROMAIN VERGER, à propos de NOCTURAMA



Faulkner, Resnais, Dreyer, Lynch, Kubrick, Hitchcock et bien d’autres participent de cette fresque hallucinée dans laquelle on circule comme en rêve, où plutôt comme dans un cauchemar, vécu et revisionné. Les gros plans alternant avec les vues aériennes, les accélérations, les arrêts sur image, les retours en arrière et les morts imminentes toujours rejouées (comme ces flics en carton qui ne cessent de vouloir percuter le narrateur de leur voiture) indiquent les brisures, les accrocs et les motifs obsessionnels de la narration. Déroutant à plus d’un titre, ce diorama en mouvement où s’appréhende l’identité tout autant que l’Histoire compose une sorte d’anamnèse hyperesthésique où les catégories du temps et de l’espace se superposent et se fondent en un chronotope frénétique et détraqué.